Open Museum : Vers des musées bruxellois plus inclusifs et participatifs

02.03.2021

Le 9 mars aura lieu la conférence virtuelle « Open Museum : Repenser les musées comme safe spaces ». Open Museum est une initiative de Brussels Museums, la fédération indépendante des musées bruxellois connue pour Museum Night Fever, les Nocturnes ou encore COME BACK. Brussels Museums représente 120 musées et centres d’art à Bruxelles et guide une vingtaine d’entre eux avec Open Museum dans leurs efforts pour devenir plus inclusifs et représentatifs afin d’embrasser Bruxelles dans toute sa diversité. A cette occasion, ceux-ci n’hésitent pas à se livrer à une autoanalyse critique, le 9 mars marquant le début de ce qui promet d’être une année chargée. Notamment avec l’aide d’un groupe de réflexion externe, les musées élaboreront une charte de la diversité qui examinera leur gestion du personnel, leur programmation, l’accueil des publics, leurs partenariats et leur accessibilité. L’objectif est de rendre les musées plus accessibles au plus large public possible. La journée d’étude est co-commissionnée par Anne Wetsi Mpoma (Wetsi Art Gallery) et Jessica Gysel (Girls Heart Brussels, Girls Like Us Magazine) en collaboration Zinnema – Maison ouverte aux talents à Bruxelles. Le programme complet et les tickets sont disponibles via openmuseum.brussels.

 

Pourquoi un projet comme Open Museum est-il nécessaire ?

 

La discrimination structurelle est omniprésente dans notre société et ne s’arrête pas aux portes de ses institutions culturelles, bien au contraire. La pandémie actuelle a d’ailleurs encore de nombreuses inégalités. Les musées préservent notre patrimoine et le mettent à la disposition des générations actuelles et futures. Cela va sans dire. Ce qui n’est pas si évident, c’est de savoir quelles histoires sont racontées et pourquoi certaines voix sont plus fortes que d’autres.

Open Museum souhaite inviter les musées à penser en dehors de leurs cadres de référence et devenir plus inclusifs. Comme le dit Anne Wetsi Mpoma, « Sous le couvert d’un certain universalisme, on met en avant une hiérarchie qui place la culture occidentale et les normes associées au sommet de la pyramide ». Un recalibrage est donc nécessaire. Bruxelles est la deuxième ville la plus cosmopolite au monde, et Open Museum souhaite que cela se reflète dans ses musées par le dialogue et l’action.

Anne Wetsi Mpoma : « Le musée idéal est le reflet de la société actuelle, pas dans la reproduction de ses inégalités mais dans sa capacité à s’adresser à ses différents publics, à repenser l’idée de norme et d’altérité et à proposer des solutions de vivre-ensemble qui redonnent la parole à des groupes habituellement marginalisés. »

 

Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du secteur, il y a une forte volonté d’évoluer vers une démocratie culturelle, dans laquelle les musées osent examiner de manière critique leurs propres perspectives et entrer en dialogue avec notre société contemporaine. Une évolution vers des musées qui ne sont plus des temples élitistes de la connaissance, mais plutôt des espaces publics polyphoniques. Les musées peuvent devenir des ‘’safe spaces’’ (espaces positifs) où chaque personne est la bienvenue, quel que soit son sexe, la couleur de sa peau, son origine ethnique, son handicap, son orientation sexuelle, sa religion, son statut socio-économique, son niveau d’éducation ou son âge. Jessica Gysel préfère parler de safeR spaces: « C’est un processus sur lequel nous devons tous et toutes travailler. Cela va bien plus loin que d’accueillir les gens et de les traiter avec gentillesse lorsqu’ils entrent, c’est un problème structurel qui se vit à plusieurs niveaux dans les musées : celui du conseil d’administration, des services de conservation, de la programmation et des histoires qui sont (ou ne sont pas) racontées ».

 

Que se passe-t-il pendant la journée d’étude ?

 

Comment faire pour rendre les musées plus inclusifs ? Le 9 mars, Open Museum offre une plateforme à divers intervenantes de Belgique et de l’étranger.

  • Avec sa performance méditative « Healing The Museum », Grace Ndiritu nous rappelle qu’une visite au musée n’est pas seulement une expérience intellectuelle, mais aussi physique et émotionnelle. Elle montre que des méthodologies non-rationnelles mais empathiques peuvent nous aider à mieux nous écouter les uns les autres, surtout dans des débats difficiles comme celui-ci.
  • Pascale Obolo et Anne Wetsi Mpoma zooment sur les collections des musées qui présentent une vision essentiellement masculine et occidentale de notre histoire. Comment « féminiser » et décoloniser les collections ?
  • Claire Mead examine les archives et les collections existantes à travers une perspective queer. Comment représenter et travailler avec les communautés LGBTQI+ dans toute leur diversité, quelles sont les opportunités et les obstacles ?
  • Mars est également le mois de l’histoire des Noirs en Belgique (Black History Month). Aminata Ndow, co-fondatrice, et Olga Briard, coordinatrice à Bruxelles, présenteront le projet « Black Archives  » : quelle est l’expérience des Noirs en Belgique, comment créer de nouvelles archives autour de cette expérience et comment les archives existantes peuvent-elles être regardées sous un autre jour ?
  • L’après-midi, nous nous concentrerons sur les Pays-Bas, où le « code di » pour diversité et inclusion est une chose qui est soutenue à l’échelle du secteur muséal depuis un long moment :
    • Aspha Bijnaar vient présenter Musea Bekennen Kleur : une plateforme où les musées s’engagent dans des discussions approfondies sur la manière dont ils peuvent unir conjointement la diversité et l’inclusion dans leur ADN de manière durable. Un exemple inspirant pour Open Museum !
    • Emotion Networks avec Hester Dibbits montre que le patrimoine n’est pas une chose fixe mais fluctuante. En laissant une place à l’émotion dans les conversations sur le patrimoine (problématique), les réseaux d’émotions nous aident à mieux naviguer dans ces conversations. Un début capital pour les sessions de réflexion qui suivront tout au long de l’année 2021.

Delphine Houba, échevine bruxelloise pour la culture, le tourisme, les grands événements et le matériel communal, ouvrira la journée d’étude avec un mot.

 

Et après ?

 

Début février, Open Museum a lancé un appel à participation pour un groupe de réflexion. Pas moins de 150 personnes se sont portées candidates. Des personnes qui, sur le plan personnel ou professionnel, luttent contre les discriminations structurelles dans notre société et qui souhaitent réfléchir à la politique de diversité en collaboration avec les musées. Parmi ces 150 candidatures, six personnes ont finalement été choisies. Celles-ci seront annoncées le 9 mars prochain. Tout au long de 2021, les musées collaboreront avec ces experts externes pour rédiger une charte de la diversité concernant leur politique du personnel, leur programmation, l’accueil des publics, leurs partenariats et leur accessibilité générale. Des recommandations que les musées bruxellois pourront ensuite adapter à leur contexte propre.

Outre ces séances de co-réflexion, Open Museum veut surtout devenir une plateforme transparente, une plateforme dont non seulement les musées bruxellois et outre-Bruxelles peuvent s’inspirer, mais aussi où le public et les nombreuses associations sociales de Bruxelles peuvent communiquer leurs besoins et leurs souhaits aux musées. Open Museum est là pour ouvrir les cadres des musées et construire des ponts. Une preuve supplémentaire du caractère essentiel de la culture. Toutes les questions et suggestions sont les bienvenues à l’adresse suivante : www.openmuseum.brussels

Open Museum est rendu possible grâce au soutien de : la Commission communautaire flamande, la Fédération Wallonie-Bruxelles, equal.brussels, la Ville de Bruxelles (service de la culture et service de l’égalité des chances), la Commission communautaire française et Actiris.

INFORMATIONS PRATIQUES

 

www.openmuseum.brussels

[email protected] pour toutes les questions et suggestions

Journée d’étude mardi 9 mars 2021

  • 09:00 > 15:30 (avec pauses)
  • 30 € (prix standard) / 10 € (tarif étudiant)
  • La journée d’étude se déroulera sur une plateforme en ligne sécurisée via Vimeo. Les participants recevront un code d’accès personnel un jour avant la conférence.
  • La journée d’étude est destinée aux professionnel·le·s des musées et de la culture, aux étudiant·e·s et aux curieux·ses.
  • Les présentations seront en néerlandais, français et anglais, avec sous-titrage et/ou traduction directe quand possible. Les participant·e·s recevront également un résumé écrit de l’événement par la suite.
  • Des questions ? Des besoins spécifiques ? Au-delà de votre budget ? Envoyez un courriel à [email protected]